Premier Prix : Michel CAILLAUD
Les problèmes de complétion forment une catégorie passionnante car paradoxale. Pourquoi faut-il ajouter telles ou telles pièces pour rendre la position légale ? Celle de l’auteur nécessite six ajouts dynamiques (ils participent tous au déblocage de la position), un nouveau record.
A nouveau je présente en complément mon propre éclairage sur la solution, celle de l’auteur se trouvant dans le numéro 186.
Le dernier coup est forcément l’échec noir a5-a4+. Il faut donc utiliser six boucliers pour qu’aucun camp ne soit en échec précédemment, trois en ç2, ç3, ç4 pour le Roi blanc, trois en b1, b2, d2 pour le Roi noir. Mais de quelle couleur et nature ? Cherchons le dernier coup blanc. Il y a deux captures visibles. Avec les six boucliers et les 23 pièces présentes, une seule reste disponible. Soit c’est le pion d’origine h7, dans ce cas le Pion d’origine g7, promu, fait partie des boucliers et le dernier coup blanc n’est ni g3×f4, ni un coup d’une autre pièce blanche ajoutée, puisque plus aucune pièce n’est disponible. Soit ce n’est pas le Pion d’origine h7, mais alors il a dû capturer la dernière pièce possible sur la colonne g avant de se promouvoir. Dans chaque cas, il est impossible que le dernier coup blanc soit g3×f4 ou un coup d’une figure blanche ajoutée, hormis les six ajouts. Puisque le reste du camp blanc est coincé, son dernier coup est donc celui d’un des boucliers.
Il s’agit nécessairement d’un bouclier contre un échec au Roi blanc, soit en ç2, ç3, ou ç4. Le coup noir précédent est donc une interposition, etc… A la fin du processus (chaque mouvement parant un échec tout en faisant lui-même échec), il faut nécessairement « refermer la chaîne des échecs » par un second coup du premier bouclier ! Le seul couple possible de coups ouvrant et refermant cette chaîne est délivré par un Cavalier en ç3 qui va ouvrir par Ca4 et fermer par Cb2. Ensuite, un peu comme au jeu de taquin, chaque étape admet une solution unique pour boucher le trou créé au coup précédent. Finalement, les Blancs auront réussi à « passer le trait » (ils ont joué un coup de plus que les Noirs en initialisant et achevant le processus d’échecs en chaîne) et la position se débloque par a4-a5, Dé3-é4. Notons que la possibilité évoquée d’un ajout de Pion noir sur la colonne h est en fait réfutée, puisque trois boucliers sont de couleur noire et qu’une figure noire a été capturée. La complétion de la position est donc bien strictement unique, un mécanisme d’horlogerie implacable ! (Juge : Nicolas Dupont)

Solution :
+FBç2, +CBç3, +CBç4
+CNb1, +CNb2, +TNd2
Rétro : 1.... a5-a4 2.Ca4-ç3 Cç3-b1+ 3.Fb1-ç2+ Tç2-d2+ 4.Cd2-ç4+ Cç4-b2+ 5.Cb2-a4+ é5-é4 6.Dé4-é3