Premier Prix : Peter WONG
Habituellement, je n’aime pas trop les parties justificatives avec beaucoup de Pions doublés. Mais cette construction de Maître est une remarquable exception : ce problème montre trois tempos par les Pions blancs et un par la Tour noire (2…Ta7! ; 4.f3! ; 16.h3! ; 19.g3!). Le compositeur lui-même donne un commentaire éclairé de ce problème dans son livre Parallel Strategy: 156 Chess Compositions (Sydney 2004), livre très intéressant d’ailleurs. Un problème avec quatre tempos avait été composé précédemment par Unto Heinonen (Die Schwalbe 1993) : 1.Cç3 d5 2.Cé4 dxé4 3.Cf3 éxf3 4.a4 fxg2 5.Ta3 g1=T 6.Tf3 Tg4 7.Tf6 éxf6 8.Fg2 Dxd2+ 9.Rf1 Fd6 10.Rg1 Ré7 11.Df1 Dé1 12.Fg5 fxg5 13.f3 Cf6 14.f4 Td8 15.f5 Ff4 16.b3 Td5 17.b4 Ta5 18.b5 Fd7 19.b6 Fb5 20.é3 Cç6 21.é4 Tf8 22.é5 Cé4 23.ç3 f6 24.ç4 Tf7. Mais le problème de Peter combine les tempos par les Blancs et les Noirs, ce qui en rend la composition d’autant plus difficile pour éviter une démolition avec « oscillation dualistique ». Le compositeur y parvient par un ingénieux procédé de roque tardif qui avait était utilisé précédemment par Thierry Le Gleuher (Phénix 1994) : 1.é4 Cf6 2.Fb5 Cd5 3.Cé2 Cç3 4.dxç3 Cç6 5.Ff4 Cd4 6.Fd6 Cf5 7.Fb4 Cg3 8.hxg3 Tb8 9.Th6 Ta8 10.Tç6 Tb8 11.Dd6 Ta8 12.Cd2 Tb8 13.0-0-0 Ta8 14.Th1 Tb8 15.Th6 Ta8 16.Tf6 éxf6 17.Rb1 Fé7 18.Ra1 0-0. Dans le problème de Thierry, le roque tardif intervient à cause du fait que seule la Tour noire a8 peut osciller. Dans le problème de Peter, le roque tardif garantit qu’il ne pourra pas y avoir d’oscillation de Tour : si le problème s’arrêtait après le 21° coup il serait démoli ; mais le roque du 22° coup prouve que la Tour blanche n’a pas pu bouger plus. Ainsi ce problème utilise deux idées déjà connues mais les mélange afin de créer quelque chose de mieux. C’est ça le progrès dans l’histoire de l’art - du moins dans l’art de la composition échiquéenne ! (Juge : Bernd Gräfrath)